Voici l'histoire d'une boulangère qui dirigeait avec quelques employés une petite affaire, qui tournait bien c'est à dire normalement, juste ce qu'il fallait pour vivre sans soucis. Mais voilà elle voulait réussir, elle voulait toujours plus, plus de renommée, plus de clients, plus de croissants, plus d'argent plus, plus, plus, et elle râlait toute la sainte journée. Elle avait oublié que nous sommes servi comme nous avons servi les autres et, toute entière dans l'idée de profit, de rendement, elle s'éparpillait dans mille directions, devenait agitée, constipée, désagréable, malcommode et communiquait son stress à tout l'entourage. Elle sentait en son for intérieur qu'elle passait à coté mais se dirigeait d'un pas alerte vers les sommets de la confusion et de l'égarement et l'ambiance dans la boulangerie devenait électrique, survoltée. Tant et si bien que les clients hésitaient à s'y aventurer, l'affaire sombrait et la boulangère dans la dépression.
Après avoir dépensé la moitié de son argent en conseillés financiers et l'autre moitié en stages anti-stress elle entendit parler "par hasard" d'un sage. La rencontre eût lieu et quelques temps plus tard notre boulangère entama un demi-tour radical. Délivrée de l'idée de but, de l'animosité, de l'avidité et de l'esprit de possession, elle lâchait prise et entrait dans la détente. Elle réalisait qu'il y a plus de contentement a vivre une vie ordinaire de façon extraordinaire qu'a vivre une vie extraordinaire de façon médiocre et elle se mit à voir dans chacun être humain quelqu'un en quête d'un peu d'amour et d'attention. Elle découvrait qu'on souffre tant qu'on ne pense qu'a soi et surtout qu'il n'y a pas de joie plus grande que celle d'être délivré de son ego diabolique.
Ainsi parée d'un sourire qui en disait plus long que de beaux discours, les affaires reprirent, tout était harmonieux et la boulangerie ne désemplissait plus. Voilà ce qui s'appelle réussir.