Le tao

Le Principe qui peut être énoncé n’est pas celui qui fut toujours.

L’ETRE qui peut être nommé n’est pas celui qui fut de tout temps.

La connaissance que l’homme à du Principe universel dépend de l’état de son esprit.

L’esprit habituellement libre de passions connaît sa mystérieuse essence.

L’esprit habituellement passionné ne connaît que ses effets.

Tout le monde à la notion du beau et par elle celle du pas beau.

Tous les hommes ont la notion du bon et par elle celle du pas bon.

Ainsi, être et néant, difficile et facile, long et court, haut et bas, son et ton, avant et après, sont des notions corrélatives dont l’une étant connue, révèle l’autre.

Cela étant, le sage sert sans s’agiter, enseigne sans bavarder ; il laisse tous les êtres devenir sans les contrecarrer, vivre sans les exploiter, agir sans les accaparer.

Il ne s’attribue pas les effets produits et par suite ces effets demeurent.

Ne pas faire cas de l’habileté, aurait pour résultat que personne ne se pousserait plus. Ne pas priser les objets rares aurait pour résultat que personne ne volerait plus. Ne rien montrer d’alléchant aurait pour effet le repos des cœurs. Aussi la politique du sage consiste-t-elle à vider les méninges des hommes et à remplir leur cœur, à affaiblir leurs préoccupations et à fortifier leur charpente. Leur soin constant est de tenir le peuple dans le calme et la tranquillité. Ils font que les gens entreprenants ne se hâtent pas d’agir ;

Car il n’est rien qui ne s’arrange par la pratique du lâcher prise.

Le Principe foisonne et produit, mais sans se remplir.

Il est paisible, simple, modeste, aimable. Se répandant à flots, Il reste toujours le même.

Le ciel et la terre ne gâtent pas les êtres qu’ils produisent ; ils ne les ménagent pas.

A l’exemple du ciel et de la terre, le sage ne gâte pas les gens dont il a la charge ; il ne les ménage pas.

Le ciel et la terre durent toujours. C’est qu’ils ne vivent pas pour eux-mêmes.

Suivant cet exemple, le sage, en reculant s’avance ; en se négligeant, il se conserve.

Comme il ne cherche pas son avantage, tout tourne à son profit.

La bonté transcendante est comme l’eau. L’eau aime faire du bien à tous les êtres. Elle ne lutte pour aucune forme ou position définitive définie, mais se met dans les lieux bas dont personne ne veut.

En ce faisant, elle est l’image du Principe. A son exemple, ceux qui imitent le Principe s’abaissent, se creusent, sont bienfaisants, sincères, droits, efficaces et se conforment aux temps. Ils ne luttent pas pour leurs intérêts propres, mais cèdent. Aussi, n’éprouvent-ils aucune contradiction.

Tenir un vase plein sans que rien ne découle est impossible. Mieux eut valu ne pas le remplir. Conserver une lame effilée à l’extrême sans que son tranchant ne s’émousse est impossible ; mieux eut valu ne pas l’aiguiser à ce point. Garder une salle pleine d’or et de pierres précieuses sans que rien en soit détourné est impossible ; mieux eut valu ne pas amasser ce trésor.

Aucun extrême ne peut être maintenu longtemps. A toute apogée succède nécessairement une décadence. Ainsi de l’homme. Quiconque étant devenu riche et puissant s’enorgueillit, prépare sa ruine lui-même.

Se retirer à l’apogée de son mérite et de sa renommée, voilà la voie du ciel.

Veiller à ce que le corps et l’âme soient toujours unis et progressent en harmonie, ne pas s’imaginer donner plus d’amour aux gens en s’ingérant dans la vie des uns et les intérêts des autres ; laisser les portes du ciel s’ouvrir et se fermer sans intervenir dans leur fonctionnement ; être au courant de tout et cependant ne se mêler de rien ; produire, élever, sans faire sien ce qu’on a produit et élevé ; ne pas exiger de reconnaissance pour ses actions ; ne pas s’imposer à ceux qu’on dirige ;

Voilà la formule de l’action transcendante.

Une roue est faite de 30 rayons sensibles. Mais c’est grâce au vide central non sensible du moyeu qu’elle tourne.

Les vaisselles sont faites en argile sensible mais c’est leur creux non sensible qui sert.

Les trous non sensibles que sont les portes et les fenêtres d’une maison sont l’essentiel d’une maison.

Comme on le voit par ces exemples, c’est du non sensible que vient l’efficace, le résultat.

La faveur pouvant être perdue est une source d’inquiétude. Une haute situation pouvant être perdue est une source d’embarras.

Qui n’a pas d’ambition personnelle n’a pas de ruine à craindre.

A celui qui est uniquement soucieux de la grandeur du monde et non de la sienne, à celui qui ne désire que le bien des gens, qu’à celui-là soit confié le monde, et les hommes.

Les sages de l’Antiquité étaient subtils, profonds à un degré que les paroles ne peuvent l’exprimer. Ils étaient circonspects comme celui qui traverse un cours d’eau sur la glace ; réservés comme un convive devant son hôte ; disponibles comme la glace fondante qui n’est ni glace ni eau ; rustiques comme le tronc dont la rude écorce cache le cœur excellent ; creux comme une vallée ; accommodant comme l’eau limoneuse, ne refoulant pas la boue, ne faisant pas bande à part en refusant de vivre avec le vulgaire.

Chercher la pureté et la paix dans la séparation d’avec le monde, c’est exagération. Elles peuvent s’obtenir dans le monde. La pureté s’obtient dans le trouble de ce monde par le calme intérieur, à condition qu’on ne se chagrine pas de l’impureté du monde. La paix s’obtient dans le mouvement de ce monde par celui qui sait prendre son parti de ce mouvement et qui ne s’énerve pas à désirer qu’il s’arrête.

Celui qui garde cette règle de ne pas se consumer en désirs chimériques, celui-là vivra volontiers dans l’obscurité et ne prétendra pas renouveler le monde. Celui qui est arrivé au maximum de la disponibilité, celui-là sera fixé solidement dans le repos.

Renoncer à la prétention de savoir et vous serez libre de tout souci. La liberté de l’esprit est nécessaire pour entrer en relation avec le Principe.

Moi, dit le sage, je suis comme incolore et indéfini, neutre comme l’enfançon qui n’a pas encore éprouvé sa première émotion. Le vulgaire abonde en connaissances variées, tandis que moi, je suis pauvre, démuni de toute futilité et comme ignare tant je suis purifié. Eux paraissent pleins de lumière, moi je parais obscur ; indéterminé comme l’immensité des eaux ; eux sont pleins de talents tandis que moi, je suis comme inculte. Je diffère ainsi du vulgaire parce que je vénère et imite la mère nourricière universelle, le Principe.

Les anciens disaient : l’incomplet sera complété, le courbe sera redressé, le creux sera rempli, l’usé sera renouvelé. La simplicité fait réussir ; la multiplicité égare. Aussi le sage qui s’en tient à l’unité est-il le modèle du monde. Il brille parce qu’il ne s’exhibe pas. Il s’impose parce qu’il ne prétend pas avoir raison. On lui trouve du mérite parce qu’il ne se vante pas. Il grandit constamment parce qu’il ne se pousse pas. Comme il ne s’oppose à personne, personne ne s’oppose à lui.

Ces axiomes des anciens ne sont-ils pas pleins de sens ? Oui, vers le parfait qui ne fait rien pour attirer, tout afflue spontanément.

Peu parler et n’agir que sans forcer, voilà la formule.

Un vent impétueux ne se soutient pas pendant une matinée. Une pluie torrentielle ne dure pas une journée. Et pourtant ces efforts sont produits par le ciel et terre, les plus puissants de tous les agents, mais ce sont des effets forcés, exagérés, voilà pourquoi ils ne peuvent pas être soutenus. Si le ciel et la terre ne peuvent pas soutenir une action forcée, combien moins l’homme le pourra-t-il ! Quoi qu’il arrive ou n’arrive pas, le Principe évolue, donc il est content.

A force de se dresser sur la pointe des pieds, on perd son équilibre. A force de vouloir faire de trop grandes enjambées, on n’avance pas. A se montrer on perd sa réputation. A s’imposer, on perd son influence. A se vanter, on se déconsidère.

Se savoir éclairé, et passer volontiers pour ignorant ; se comporter ainsi c’est prouver qu’en soi la vertu primordiale n’a pas vacillé, qu’on est encore uni au premier principe.

Se savoir digne de gloire et rester volontiers dans l’obscurité, être volontiers la vallée du monde, se comporter ainsi, c’est prouver qu’en soit on possède encore l’abnégation originelle intacte, qu’on est encore dans l’état de simplicité originelle.

Pour qui dirige, vouloir toucher à tout c’est chercher l’insuccès. Le monde est un mécanisme d’une délicatesse extrême. Il faut le laisser aller tout seul. Qui le touche le détraque. Qui veut se l’approprier le perd. Le sage qui a charge d’âme laisse aller tous les êtres, chacun selon leurs natures diverses ; les agiles et les lents, les apathiques et les ardents, les forts et les faibles, les durables et les éphémères. Il se borne à réprimer les formes d’excès qui seraient nuisibles à l’ensemble des êtres, comme la puissance, la richesse, l’ambition.

Le Principe n’a pas de nom propre. Il est nature. Plus puissant que tout, bien qu’inapparent.

Connaître les autres, c’est sagesse ; se connaître soi-même, c’est sagesse supérieure. Imposer sa volonté aux autres, c’est force, mais se l’imposer à soi-même c’est force supérieure. Se suffire est la vrai sagesse. Se maîtriser est le vrai caractère. Rester à sa place fait durer longtemps. Après la mort, ne pas cesser d’être est la vraie longévité, laquelle est le partage de ceux qui ont vécu en conformité avec le Principe.

A cause de son désintéressement constant, il devrait être comme diminué, mais non ; tous les êtres envers lesquels il est libéral affluent vers lui ; Il se trouve grandi par cette confiance universelle. Le sage imite cette conduite. Lui aussi se fait petit par son désintéressement et sa délicate réserve, et acquiert par là la vraie grandeur.

Parce qu’il ressemble au Principe, tout le monde va au sage. Il les accueille tous, leur donne repos, paix et bonheur.

Le commencement de la contraction suit nécessairement l’apogée de l’expansion. L’affaiblissement suit la force. La décadence suit la prospérité. Le dépouillement suit l’opulence. Voilà la lumière subtile que beaucoup ne veulent pas voir. Toute puissance et toute présomption s’expie par la débilité et l’infériorité. Le plus appelle le moins ; l’excès appelle le déficit.

Le Principe ne fait pas d’activisme et cependant tout est fait par lui.

Quand un chercheur d’ordre supérieur a entendu parler du retour au Principe, il s’y applique avec zèle. Si c’est un chercheur d’ordre moyen, il s’y applique avec indécision. Si c’est un chercheur d’ordre inférieur, il s’en moque. Et c’est la preuve de la réalité du Principe, que cette sorte de gens s’en moque. Le fait qu’ils ne la comprennent pas prouve sa transcendance.

On dit comme un proverbe : ceux qui ont compris le Principe sont comme aveuglés. Ceux qui tendent vers lui sont comme désorientés. Ceux qui l’ont atteint sont comme vulgaires… C’est que la grande vertu se creuse comme une vallée. La grande lumière se voile volontairement de l’obscurité. La vertu faste fait croire qu’elle est défectueuse. La vertu solide se donne l’air de la faiblesse. Et le sage cache ses dons sous des dehors sans attraits. Bien trompés seraient ceux qui croiraient a ces apparences. Grand vase jamais fini. Grand sens dans un faible son. Grand type mais insaisissable. Le sage ressemble au Principe. Or le Principe est caché et n’a pas de nom, mais par sa douce communication, tout est produit. Ainsi, toute proportion gardée du sage.

Partout et toujours, c’est le mou qui use le dur. L’eau use la pierre. Le non-être pénètre là même où il n’y a pas de fissure. Je conclu de là à l’efficacité du lâcher prise. Le silence et la contemplation, peu d’hommes arrivent à comprendre leur efficacité.

Le corps n’est-il pas plus que le renom ? La vie n’est-elle pas plus que la richesse ? Est-il sage de s’exposer à une grande perte pour un mince avantage ? Celui qui aime désordonnément use beaucoup son cœur. Celui qui amasse beaucoup va à une grande ruine. Tandis que le modeste n’encourt aucune disgrâce. Le modéré dure.

Accompli sous des dehors imparfaits ; donnant sans s’user ; rempli sans en avoir l’air ; déversant sans s’épuiser ; très droit sous un air courbé ; très habile sous des apparences maladroites ; perspicace, avec l’extérieur d’un homme embarrassé ; voilà le sage. Le mouvement triomphe du froid. Le repos abat la chaleur. La vie retirée du sage rectifie le monde.

La pire des fautes c’est vouloir acquérir toujours davantage. Ceux qui savent dire : « c’est assez » sont toujours contents.

Sans sortir par la porte on peut connaître tout le monde. Sans regarder par la fenêtre on peut se rendre compte des voies du ciel. Plus on va loin, moins on apprend. Le sage arrive au but sans avoir fait un pas pour l’atteindre. Il connaît avant d’avoir vu, par les principes supérieurs. Il achève sans avoir agi, par son influence transcendante.

Par l’étude, on encombre le mental. Par la méditation sur le Principe, on le simplifie. Il n’est rien dont le lâcher prise ne vienne à bout.

Le sage traite également bien les bons et les mauvais, ce qui est la vraie bonté pratique. Il a également confiance dans les sincères et les non sincères, ce qui est la vraie confiance pratique. Dans ce monde mélangé, le sage est sans émotion aucune. Il a les mêmes sentiments pour tous. Tout le monde fixe les yeux et les oreilles sur lui. Il les considère tous comme ses fils.

Les hommes sortent en vie et rentrent en mort.Sur dix hommes, trois prolongent leur vie, trois hâtent leur mort par leur excès, trois compromettent leur vie par l’attache qu’ils en ont. Un seul sur dix conserve sa vie parce qu’il en est détaché.

Quiconque est quelque peu sage doit se conformer au Principe, en évitant par dessus tout la fastueuse jactance. Mais à cette voie large on préfère la voie étroite. Peu d’hommes marchent dans la voie du désintéressement. Ils préfèrent la vanité, leurs avantages (ainsi font les princes de ce temps. Quand les palais sont trop bien entretenus, les terres sont incultes et les greniers sont vides). S’habiller magnifiquement, se gorger de nourriture et de boisson, amasser des richesses à ne pas savoir qu’en faire, c’est là ressembler au brigand. Pareille conduite est opposée au Principe.

Celui qui bâtit sur le désintéressement, son œuvre ne sera pas détruite. La paix fait durer. Qui comprend cela est éclairé. Luxure et colère usent. Le gaspillage est contraire au Principe.

Celui qui en parle, ne connaît pas le Principe. Celui qui le connaît n’en parle pas. Il tient sa bouche fermée. Il retient sa respiration. Il émousse son activité. Il se délivre de toute complication. Il tamise sa visibilité. Il se confond avec le vulgaire. Voilà la mystérieuse union au Principe. Un tel homme, personne ne peut se l’attacher par des faveurs, ni le rebuter par des malfaisances. Il est insensible au gain comme à la perte, à l’exaltation comme à l’humiliation. Etant tel, il est ce qu’il y a de plus noble au monde.

Sa conversation est avec l’auteur des êtres, le Principe.

Plus il y a de revenus, plus il y a de revenants et de désordres. Plus il y a d'inventions ingénieuses, plus il y a de 

gadgets, plus il y a de police plus il y a de voleurs. La multiplication ruine tout. Aussi le programme du sage

est-il à l'envers du monde.

Agir sans se remuer, s’occuper sans se démener, sentir sans ressentir, voir du même œil le grand, le petit, le beaucoup, le peu ; faire le même cas des reproches et des remerciements ; voilà comment fait le sage.

Il n’attaque les entreprises difficiles que dans les détails faciles, et ne s’applique aux grands problèmes que dans leurs faibles commencements. Jamais le sage n’entreprend rien de grand, c’est pourquoi il fait de grandes choses. Qui promet beaucoup ne peut pas tenir sa parole. Qui trop embrasse mal étreint.

Ce qui est paisible est facile à contenir. Ce qui n’a pas encore paru est aisé à prévenir. Ce qui est faible est facile à briser. Ce qui est menu est facile à disperser. Il faut prendre ses mesures avant que la chose ne soit et protéger l’ordre avant que le désordre n’ait éclaté.

Un arbre que les deux bras ont peine à embrasser est né d’une radicule faible comme un cheveu. Une tour de neuf étages s’élève d’un tas de terre. Un voyage de 1000 km commence par un pas. Ceux qui en font trop gâtent leurs affaires. Le sage, comme il ne tient à rien, rien ne lui échappe.

Quand le vulgaire fait une affaire, il la manque d’ordinaire au moment où elle allait réussir. Il faut, pour réussir, que la circonspection du commencement dure jusqu’à la fin.

Le sage ne prise aucun objet sous prétexte qu’il est rare. Il ne s’attache à aucun système, mais il s’instruit par les fautes des autres. Pour coopérer à l’évolution universelle, il ne fait pas mais laisse faire. C’est la formule de l’action mystérieuse de grande profondeur et de grande portée. Elle n’est pas du goût des gens, mais grâce à elle, tout vient à bien paisiblement.

Tout le monde dit que le sage est noble malgré son air vulgaire. Tout le monde sait, au contraire, combien ceux qui se posent pour nobles sont hommes de mince valeur.

Le sage prise trois choses : - la charité, - la simplicité, - l’humilité. Etant charitable, il sera libéral ; étant simple, il sera libéral ; étant humble, il sera généreux, brave. Les hommes d’aujourd’hui mettent en oubli la charité, la simplicité, l’humilité. Ils prisent la discorde, le faste, l’ambition. C’est là courir à sa perte.

Ce que j’enseigne est facile à comprendre et à pratiquer et pourtant le monde ne veut ni le comprendre ni le pratiquer. Le monde ne connaît pas le principe qui me dirige, c’est pourquoi il ne me connaît pas non plus. Très peu me comprennent. Cela fait ma gloire. Mon extérieur grossier me place parmi le vulgaire mais j’ai le sein rempli de pierres précieuses.

Tout savoir et croire qu’on ne sait rien, voilà la science supérieure. Ne rien savoir et croire qu’on sait tout, voilà le mal commun des humains. Tenir ce mal pour un mal en préserve.

La voie du ciel c’est de ne pas intervenir positivement. Il vainc sans lutter. Il se fait obéir sans ordonner. Il fait venir sans appeler. Il fait tout aboutir en ayant l’air de tout laisser traîner. Le filet du ciel enserre tout. Ses mailles sont larges et pourtant, personne ne lui échappe.

Le ciel agit comme l’archer qui bande son arc. Il diminue le plus et augment le moins. Il abaisse ce qui est élevé et élève ce qui est bas.

Tandis que les hommes font tout le contraire. Celui qui possède le Principe est seul capable de faire comme le ciel. Le sage se conforme au Principe. Il influe sans s’attribuer le résultat. Il accomplit sans s’approprier son œuvre. Il ne prétend pas au titre de sage.

Après que le principal d’une contestation a été arrangé, il reste toujours des griefs accessoires, des froissements et la charité ne revient pas à l’état où elle était auparavant.

Aussi le sage ne conteste-t-il jamais. Celui qui sait se conduire d’après la vertu du Principe laisse dormir ses titres et ses droits. Celui qui ne sait pas se conduire ainsi, extorque ce qui lui est dû. Le ciel est impartial.

Le sage ne thésaurise pas mais donne. Plus il agit pour les hommes, plus il peut. Plus il donne, plus il a.

Le ciel fait du bien à tous, le sage l’imite.


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